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Joseph Antoine Bell : « le professionnalisme n’est pas un décret»





L’ancien gardien de but de Lions Indomptables du Cameroun vu de sa cage analyse quelques sujets majeurs de l’actualité footballistique.

Un mot sur la performance des Lionnes aux JO de Londres 2012
Les lionnes n’ont pas forcement le vécu des Lions. Faire une belle compétition pour elles ne signifie par rempoter la médaille d’or. Et je ne suis pas déçu si elles rentrent bredouille de cette compétition. Je n’attendais rien des Lionnes qui participent pour leur première fois Jeux Olympiques. Ce qui importe c’est la manière, leur comportement, la façon de se tenir sur le terrain, de gérer les matchs. Cela faire partir de la performance. Et c’est très important pour la suite de leur carrière.

Le championnat camerounais est devenu professionnel cette saison. Est-ce qu’à votre avis l’on a définitivement tourné le dos à l’amateurisme ?
Malheureusement non. Je crois que tout le monde aurait bien voulu que ce soit le cas, mais vous savez, le professionnalisme n’est pas un décret. Le professionnalisme ce n’est pas un statut. Simplement ; c’est aussi une attitude, c’est un comportement, et je ne crois pas qu’on puisse très honnêtement parler de professionnalisme aujourd’hui sans tromper les jeunes qui jouent, les spectateurs qui regardent, et peut être vous les journalistes qui suivez ce Championnat. D’ailleurs, je vous aurais bien retourné la question. Vous qui allez au stade : est-ce que vous avez l’impression que vous avez effectué un grand saut entre ce qui se passait l’année dernière et ce qui se passe cette année ? Je crois que la première des choses qu’on aurait pu éviter, c’est par exemple cette coupure qui y a eu, et qui a forcement porter préjudice aux différents clubs. Je pense que ce sont ces choses là qui sont à régler. Il ne faut pas qu’on se focalise sur le professionnalisme signifiant argent, il faudrait qu’on se dise que professionnalisme signifie plutôt sérieux, que c’est un concept, et que ce concept là doit signifie recherche de la perfection.

Aujourd’hui vous êtes membre de l’Union des footballeurs camerounais (UFC), qu’est-ce que vous envisagez dans cette association pour sortir le footballeur de la précarité ?
Je crois que c’est peut-être ce que je venais d’évoquer qui motive d’ailleurs la création d’une association, mais je ne sais pas si ça suffira parce qu’il faut beaucoup de temps ; malheureusement les joueurs eux-mêmes ne comprennent pas toujours, et on ne peut pas les jeter la pierre. Alors le rôle que l’UFC doit se donner, c’est précisément d’aller auprès des joueurs pour leur expliquer surtout maintenant que ce métier est devenu officiellement professionnel. Il faut pouvoir expliquer aux joueurs cette transformation dans le championnat est passée de loisir au métier. L’UFC doit pouvoir s’adresser aussi aux dirigeants des clubs et aux parents des joueurs. J’espère que l’on saura accueillir l’UFC et qu’elle sera à la hauteur dans ses explications, dans son approche.

Les Lions Indomptables vont croiser le Cap-Vert lors du dernier tour éliminatoire de la CAN 2013, est-ce un cadeau pour le Cameroun d’aller en Afrique du Sud ?
Il y a plusieurs années en arrière, on aurait pu dire que le Cameroun a hérité d’un cadeau, mais seulement vous êtes un peu méchant avec notre pays. Je crois qu’il y a d’autres pays qui sont moins bien tombés que le Cameroun, c’est vrai que le tirage au sort à moins gâté. Ceci dit, le Cameroun aurait intérêt à être sérieux face au Cap-Vert. Et puis aussi, il faut savoir toujours mettre les objectifs à la bonne hauteur. Si battre le Cap-Vert est une fin en soi, alors évidement c’est très bien, on peut jubiler ; déjà on a vu les gens avoir des attitudes jubilatoires après une victoire face à la Guinée-Bissau. On peut prévoir avec certitude que notre avenir n’est pas très enchanté.

Sans Samuel Eto’o dans cette équipe, pensez-vous qu’elle se porte mieux désormais ?
On ne peut pas dire cela. Eto’o n’était que suspendu et la suspension arrive à sa fin. Je pense qu’il faut arrêter d’opposer les gens les uns envers les autres. Il faut arrêter de comparaitre les situations qui ne sont pas comparables. Le Cameroun à l’obligation de former une équipe compétitive, de former une équipe qui puisse porter haut les couleurs du pays. Maintenant qui fait partir de l’équipe n’est pas la chose la plus importante, la plus importante c’est de mettre dans cette sélection les meilleurs joueurs camerounais.

Entretien réalisé par Alliance Zamo

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