Dépêches Nouveautés

AVEC OU SANS DENIS LAVAGNE





Le Cameroun gagnerait à faire preuve d’un soupçon d’humilité. On ne peut pas éternellement vivre du passé et prétendre en même temps se tourner vers l’avenir. Je veux dire par là que la génération 2000 voire 1982 ne peut servir ad vitam aeternam à nourrir les espoirs de triomphes des compétitions à venir. Le classement Fifa – que je ne souhaite ici rappeler- nous signale que nous sommes loin d’être à ce jour l’une des toutes meilleures nations…africaines!

L’un des points fondamentaux de la mise en orbite de notre nation est à mon sens le choix de l’entraîneur. Nous manquons à ce point de structuration que l’on ne peut réaliser combien il peut être simple de se positionner intelligemment, pour ne pas laisser cette éminente question en suspend? Si l’on souhaitait volontairement laisser pourrir la situation chaotique dans laquelle tout notre football est, on ne pourrait pas mieux s’y prendre. Nous manquons cruellement d’infrastructures mais, vu que ce n’est pas nouveau, cela ne constitue pas une excuse suffisante. Notre réservoir joueurs semble inépuisable, mais il n’est à l’évidence pas garant des résultats. Ce qu’il est à mon sens urgent d’améliorer, c’est incontestablement l’apport des techniciens assis au bord de la pelouse. Ceux-là même qui se doivent de distiller la bonne parole, insuffler un vent nouveau, encourager les troupes etc. Certes, mais quid de la formation de ces messieurs? Sur quels critères les choisit-on? De quels objectifs les assignent-t-on? Quelle forme de travail ou collaboration avec leurs pairs proposent-ils? Ce sont ici quelques propositions de questionnements parmi une flopée qui permettraient de se focaliser sur autre chose que de futiles questions de nationalité, appartenance ethnique ou palmarès plus ou moins établit.

Faut-il avoir été un grand joueur pour réussir sur un banc? Pas nécessairement: Matthaus possède un background de joueur exceptionnel avec notamment 5 Coupes du monde jouées, mais un piètre bilan d’entraîneur et sélectionneur. Seul un logique crédit doit être donné à qui possède un grand nom, rien de plus. Faut-il croire qu’un “inconnu des bancs” ne peut réussir? Non plus. Les exemples sont légion (Stefanovic, Lechantre, Zahoui, Renard…) et ils nous démontrent que seule la pratique nous renseigne sur les réelles dispositions des uns et des autres. On prouve sur le terrain, pas en coulisses!

Et Denis Lavagne dans tout ça? La mentalité camerounaise n’accepte pas que l’on enrôle quelqu’un qui “n’a pas prouvé” bien qu’ayant glané des titres (nationaux) avec Cotonsport. Vu que le club cher au président Iya est de loin le mieux structuré et nanti, ce ne serait pas un exploit selon la vox populi. A moitié vrai!… On évoque même les diplômes, convaincus qu’ils suffisent à définir la valeur de l’individu. Malgré une rencontre et un entretien avec toi Denis, où j’ai su lire ta détermination, ressentir ta motivation et me rassurer sur ton sens du travail, je dois avouer que je ne t’aurais pas choisi. Je considère de toute façon que ce choix appartient à un collectif de techniciens et non à un “patron”, éloigné des terrains, qui ne peut avoir la bonne sensibilité. Néanmoins, je reste ferme sur mon idée selon laquelle on ne peut t’enlever de ton poste; surtout pas maintenant. Notre mois de juin est crucial et mes compatriotes ne voient que le court-terme, donc la qualification pour l’Afsud. Et en janvier 2013, on attendra tout bonnement le sacre continental; rien que ça! Bref, on ne connait pas la politique suivie, si toutefois définie -d’ailleurs elle n’a jamais été évoquée de mon vivant- et on exige contemporainement des résultats, sans aucune cohérence en fait.

Où en est-on donc le processus de mise en place de la formation des entraîneurs? Quelle est la fonction de la DTN si celle-ci n’a pas son mot à dire dans leur nomination? Va-t-on ouvrir demain la voie aux Song, Dika Dika et Kalla qui prennent aujourd’hui le temps de se former afin d’apporter demain leurs expérience et savoir-faire? Pourquoi laisse-t-on un Richard Towa chez les plus jeunes? Quelles sont les interactions entre les sélectionneurs des différentes catégories? A ce sujet, je rappelle que le CHAN s’est déroulé sans le regard du sélectionneur de l’équipe fanion ni même d’un de ses adjoints! Et pourtant, il y avait matière à piocher dans ce groupe…

Oui, Lavagne est là, contesté, victime d’une désorganisation chronique et sans objectif clair. Son statut ne lui permet surtout pas d’être à l’écart de critiques infondées. Sa présence ou son éviction ne dépend donc de…rien. Bonne chance l’ami: le Cameroun c’est le Cameroun…

Patrick Mboma

Laisser votre Commentaire