Eric Djemba-Djemba : " Ferguson nous lĂąchait jamais "
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Publié le : 2013-05-09 00:56:18
Alex Ferguson fĂȘte aujourd'hui ses 25 ans de banc Ă  Manchester United pour la rĂ©ception de Sunderland. ArrivĂ© en novembre 1986, le bientĂŽt septuagĂ©naire aura vu passer douze trophĂ©es de champion d'Angleterre, deux coupes aux grandes oreilles et plus de quatre cents joueurs professionnels. Dont Éric Djemba-Djemba qui se souvient du personnage.

Quelle relation partageais-tu avec Sir Alex Ferguson ?

J’avais une relation pĂšre-fils. Il est trĂšs proche des joueurs, surtout les jeunes. Quand je suis arrivĂ©, jÂ’Ă©tais le premier noir africain, cÂ’Ă©tait nouveau pour moi et pour Manchester ; et lui, il m’a intĂ©grĂ© le plus simplement du monde. C’est le papa de tous les joueurs.

As-tu des anecdotes particuliĂšres Ă  ce propos ?

On rigolait bien Ă  l’entraĂźnement. Souvent, il faisait les toros avec nous. Ça le faisait rire qu’avec Ronaldo, on essaye de lui mettre des petites tartes. Il restait dix minutes avec nous pendant que son adjoint prĂ©parait les sĂ©ances, et il retournait dans son bureau. MĂȘme dedans, il y avait une fenĂȘtre oĂč il nous observait. Il ne nous lĂąchait jamais. Comme son chewing-gum d’ailleurs. Et puis il aime beaucoup le vin français. Je me rappelle d’un match, oĂč il me fait entrer. D’abord il faut savoir qu’à Manchester, si tu ne rentres pas en jeu, tu touches la moitiĂ© de la prime. Si tu rentres, mĂȘme trente secondes, tu touches la totalitĂ© de la prime. Donc je rentre. CÂ’Ă©tait un match de Champion’s League, et Ă  la fin du match, Ferguson vient me voir et me dit: « Éric, ça mĂ©rite une bouteille de vin! » Il faisait ça avec de nombreux joueurs. Moi, je l’ai revu il y a un an au Danemark, il Ă©tait invitĂ© pour remettre le titre de meilleur joueur du championnat. JÂ’Ă©tais deuxiĂšme. Il m’a remis un trophĂ©e, il Ă©tait vraiment content de me revoir. Il a dit aux dirigeants d’Odense qu’il ne fallait pas me laisser partir.

Parle-t-il beaucoup ?

Il n’est bavard que dans les vestiaires (Rires) ! Quand lÂ’Ă©quipe bloque un peu, il parle Ă  la mi-temps, ou plutĂŽt il engueule tout le monde. Je me rappelle que nous avions disputĂ© un match contre une troisiĂšme division en Coupe de la Ligue. Nous avions fait match nul et dans les vestiaires, il nous avait dĂ©montĂ©s. Il nous disait que nous n’avions pas le droit de faire un match comme celui-lĂ  avec des joueurs d’une telle qualitĂ©. A la fin du match, il est allĂ© voir les supporters pour demander pardon. Il Ă©tait vraiment en colĂšre, alors qu’on n'avait mĂȘme pas perdu.

Fait-il des blagues ?

Oui, il faisait des blagues, surtout Ă  table. Il nous chambrait sur nos vĂȘtements, surtout Rio (Ferdinand) ou David (Bellion) qui sont toujours Ă  la mode. Mais ça s’arrĂȘtait lĂ , une fois dans un vestiaire, c’est concentration et rien d’autre.

Y a-t-il des joueurs qui se permettent de le chambrer ?

Pas trop. Disons qu’il rigolait plus quand on chambrait les autres. Moi, j’arrivais à imiter tout le monde, les soigneurs, les masseurs, ça le faisait bien rire. Mais avec lui, on pouvait blaguer, mais pas chambrer.

Comment réagit-il aux excÚs de ses joueurs ?

Disons que c’est le genre de coach qui respecte ta vie privĂ©e. En gĂ©nĂ©ral, il t’appelle et te dit de faire attention. Mais tout ce qui compte pour lui, c’est le terrain. Si la veille d’un match, tu te fais tuer dans la presse, ce n’est pas grave, il te met sur le terrain et Ă  toi de montrer que tu es plus fort que tout ça. Mais Ă  mon Ă©poque, il y avait peu de soucis.

A-t-il la mĂȘme relation avec les grands joueurs qu'avec les « remplaçants » ?

Exactement la mĂȘme. Il ne fait aucune diffĂ©rence. CÂ’Ă©tait la mĂȘme chose pour tout le monde. Il rigole avec tous et crie sur tous quand c’est nĂ©cessaire. C’est quelqu’un de trĂšs juste.

Titulaires, remplaçants, ça se passait comment au niveau de la communication ?

On savait si on Ă©tait titulaire ou non soit la veille Ă  l’hĂŽtel, soit dans les vestiaires juste avant le match. A Manchester, c’est un gros groupe, il faut l’accepter, alors il ne se justifie jamais sur ses choix. En gĂ©nĂ©ral, tu peux ĂȘtre sur le banc cinq/six matchs de suite et ensuite enchaĂźner quatre matchs.

Un joueur peut-il discuter d’un choix prĂ©cis avec lui ?

Oui, on peut discuter. Si un joueur lui dit qu’il prĂ©fĂšre jouer Ă  telle ou telle position, il va tÂ’Ă©couter, mais au final, c’est Ă  toi d’obĂ©ir. C’est lui qui a le dernier mot, c’est le coach.

Dans quel domaine est-il le meilleur selon toi : motivation, tactique, formation, psychologie ?

Tactiquement, il est trĂšs fort et nous faisait beaucoup bosser dessus. AprĂšs, il sent les choses, il a le feeling. Quand tu es moins bien, il va le voir. Il a l’expĂ©rience pour gĂ©rer une grande Ă©quipe. MĂȘme en match amical, il observe beaucoup, il analyse, ce qui lui permet de connaĂźtre son Ă©quipe par cœur et de savoir comment faire tourner pendant la saison.

Enfin, lui connais-tu des passions ?

Les chevaux. Je pense qu’il en a, il y a la place dans sa maison. Il adorait regarder les courses. Mais bon, je n’en sais pas plus. Et le football. Ce qui m’a frappĂ©, c’est qu’à chaque fois que lÂ’Ă©quipe met un but, que ce soit en amical, en match ou Ă  l’entraĂźnement, il est content !

sofoot
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