Eric Djemba-Djemba : " Ferguson nous lĂąchait jamais "
CLIQUER POUR VOIR TOUTES LES IMAGES Alex Ferguson fĂȘte aujourd'hui ses 25 ans de banc Ă Manchester United pour la rĂ©ception de Sunderland. ArrivĂ© en novembre 1986, le bientĂŽt septuagĂ©naire aura vu passer douze trophĂ©es de champion d'Angleterre, deux coupes aux grandes oreilles et plus de quatre cents joueurs professionnels. Dont Ăric Djemba-Djemba qui se souvient du personnage.
Quelle relation partageais-tu avec Sir Alex Ferguson ?
JÂavais une relation pĂšre-fils. Il est trĂšs proche des joueurs, surtout les jeunes. Quand je suis arrivĂ©, jÂĂ©tais le premier noir africain, cÂĂ©tait nouveau pour moi et pour Manchester ; et lui, il mÂa intĂ©grĂ© le plus simplement du monde. CÂest le papa de tous les joueurs.
As-tu des anecdotes particuliĂšres Ă ce propos ?
On rigolait bien Ă lÂentraĂźnement. Souvent, il faisait les toros avec nous. Ăa le faisait rire quÂavec Ronaldo, on essaye de lui mettre des petites tartes. Il restait dix minutes avec nous pendant que son adjoint prĂ©parait les sĂ©ances, et il retournait dans son bureau. MĂȘme dedans, il y avait une fenĂȘtre oĂč il nous observait. Il ne nous lĂąchait jamais. Comme son chewing-gum dÂailleurs. Et puis il aime beaucoup le vin français. Je me rappelle dÂun match, oĂč il me fait entrer. DÂabord il faut savoir quÂĂ Manchester, si tu ne rentres pas en jeu, tu touches la moitiĂ© de la prime. Si tu rentres, mĂȘme trente secondes, tu touches la totalitĂ© de la prime. Donc je rentre. CÂĂ©tait un match de ChampionÂs League, et Ă la fin du match, Ferguson vient me voir et me dit: « Ăric, ça mĂ©rite une bouteille de vin! » Il faisait ça avec de nombreux joueurs. Moi, je lÂai revu il y a un an au Danemark, il Ă©tait invitĂ© pour remettre le titre de meilleur joueur du championnat. JÂĂ©tais deuxiĂšme. Il mÂa remis un trophĂ©e, il Ă©tait vraiment content de me revoir. Il a dit aux dirigeants dÂOdense quÂil ne fallait pas me laisser partir.
Parle-t-il beaucoup ?
Il nÂest bavard que dans les vestiaires (Rires) ! Quand lÂĂ©quipe bloque un peu, il parle Ă la mi-temps, ou plutĂŽt il engueule tout le monde. Je me rappelle que nous avions disputĂ© un match contre une troisiĂšme division en Coupe de la Ligue. Nous avions fait match nul et dans les vestiaires, il nous avait dĂ©montĂ©s. Il nous disait que nous nÂavions pas le droit de faire un match comme celui-lĂ avec des joueurs dÂune telle qualitĂ©. A la fin du match, il est allĂ© voir les supporters pour demander pardon. Il Ă©tait vraiment en colĂšre, alors quÂon n'avait mĂȘme pas perdu.
Fait-il des blagues ?
Oui, il faisait des blagues, surtout Ă table. Il nous chambrait sur nos vĂȘtements, surtout Rio (Ferdinand) ou David (Bellion) qui sont toujours Ă la mode. Mais ça sÂarrĂȘtait lĂ , une fois dans un vestiaire, cÂest concentration et rien dÂautre.
Y a-t-il des joueurs qui se permettent de le chambrer ?
Pas trop. Disons quÂil rigolait plus quand on chambrait les autres. Moi, jÂarrivais Ă imiter tout le monde, les soigneurs, les masseurs, ça le faisait bien rire. Mais avec lui, on pouvait blaguer, mais pas chambrer.
Comment réagit-il aux excÚs de ses joueurs ?
Disons que cÂest le genre de coach qui respecte ta vie privĂ©e. En gĂ©nĂ©ral, il tÂappelle et te dit de faire attention. Mais tout ce qui compte pour lui, cÂest le terrain. Si la veille dÂun match, tu te fais tuer dans la presse, ce nÂest pas grave, il te met sur le terrain et Ă toi de montrer que tu es plus fort que tout ça. Mais Ă mon Ă©poque, il y avait peu de soucis.
A-t-il la mĂȘme relation avec les grands joueurs qu'avec les « remplaçants » ?
Exactement la mĂȘme. Il ne fait aucune diffĂ©rence. CÂĂ©tait la mĂȘme chose pour tout le monde. Il rigole avec tous et crie sur tous quand cÂest nĂ©cessaire. CÂest quelquÂun de trĂšs juste.
Titulaires, remplaçants, ça se passait comment au niveau de la communication ?
On savait si on Ă©tait titulaire ou non soit la veille Ă lÂhĂŽtel, soit dans les vestiaires juste avant le match. A Manchester, cÂest un gros groupe, il faut lÂaccepter, alors il ne se justifie jamais sur ses choix. En gĂ©nĂ©ral, tu peux ĂȘtre sur le banc cinq/six matchs de suite et ensuite enchaĂźner quatre matchs.
Un joueur peut-il discuter dÂun choix prĂ©cis avec lui ?
Oui, on peut discuter. Si un joueur lui dit quÂil prĂ©fĂšre jouer Ă telle ou telle position, il va tÂĂ©couter, mais au final, cÂest Ă toi dÂobĂ©ir. CÂest lui qui a le dernier mot, cÂest le coach.
Dans quel domaine est-il le meilleur selon toi : motivation, tactique, formation, psychologie ?
Tactiquement, il est trĂšs fort et nous faisait beaucoup bosser dessus. AprĂšs, il sent les choses, il a le feeling. Quand tu es moins bien, il va le voir. Il a lÂexpĂ©rience pour gĂ©rer une grande Ă©quipe. MĂȘme en match amical, il observe beaucoup, il analyse, ce qui lui permet de connaĂźtre son Ă©quipe par cÂur et de savoir comment faire tourner pendant la saison.
Enfin, lui connais-tu des passions ?
Les chevaux. Je pense quÂil en a, il y a la place dans sa maison. Il adorait regarder les courses. Mais bon, je nÂen sais pas plus. Et le football. Ce qui mÂa frappĂ©, cÂest quÂĂ chaque fois que lÂĂ©quipe met un but, que ce soit en amical, en match ou Ă lÂentraĂźnement, il est content !
sofoot
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