Joseph Antoine Bell : « le professionnalisme n’est pas un dĂ©cret»
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Publié le : 2012-07-29 16:14:59
L’ancien gardien de but de Lions Indomptables du Cameroun vu de sa cage analyse quelques sujets majeurs de l’actualitĂ© footballistique.

Un mot sur la performance des Lionnes aux JO de Londres 2012
Les lionnes n’ont pas forcement le vĂ©cu des Lions. Faire une belle compĂ©tition pour elles ne signifie par rempoter la mĂ©daille d’or. Et je ne suis pas déçu si elles rentrent bredouille de cette compĂ©tition. Je n’attendais rien des Lionnes qui participent pour leur premiĂšre fois Jeux Olympiques. Ce qui importe c’est la maniĂšre, leur comportement, la façon de se tenir sur le terrain, de gĂ©rer les matchs. Cela faire partir de la performance. Et c’est trĂšs important pour la suite de leur carriĂšre.

Le championnat camerounais est devenu professionnel cette saison. Est-ce qu’à votre avis l’on a dĂ©finitivement tournĂ© le dos Ă  l’amateurisme ?
Malheureusement non. Je crois que tout le monde aurait bien voulu que ce soit le cas, mais vous savez, le professionnalisme n’est pas un dĂ©cret. Le professionnalisme ce n’est pas un statut. Simplement ; c’est aussi une attitude, c’est un comportement, et je ne crois pas qu’on puisse trĂšs honnĂȘtement parler de professionnalisme aujourd’hui sans tromper les jeunes qui jouent, les spectateurs qui regardent, et peut ĂȘtre vous les journalistes qui suivez ce Championnat. D’ailleurs, je vous aurais bien retournĂ© la question. Vous qui allez au stade : est-ce que vous avez l’impression que vous avez effectuĂ© un grand saut entre ce qui se passait l’annĂ©e derniĂšre et ce qui se passe cette annĂ©e ? Je crois que la premiĂšre des choses qu’on aurait pu Ă©viter, c’est par exemple cette coupure qui y a eu, et qui a forcement porter prĂ©judice aux diffĂ©rents clubs. Je pense que ce sont ces choses lĂ  qui sont Ă  rĂ©gler. Il ne faut pas qu’on se focalise sur le professionnalisme signifiant argent, il faudrait qu’on se dise que professionnalisme signifie plutĂŽt sĂ©rieux, que c’est un concept, et que ce concept lĂ  doit signifie recherche de la perfection.

Aujourd’hui vous ĂȘtes membre de l’Union des footballeurs camerounais (UFC), qu’est-ce que vous envisagez dans cette association pour sortir le footballeur de la prĂ©caritĂ© ?
Je crois que c’est peut-ĂȘtre ce que je venais dÂ’Ă©voquer qui motive d’ailleurs la crĂ©ation d’une association, mais je ne sais pas si ça suffira parce qu’il faut beaucoup de temps ; malheureusement les joueurs eux-mĂȘmes ne comprennent pas toujours, et on ne peut pas les jeter la pierre. Alors le rĂŽle que l’UFC doit se donner, c’est prĂ©cisĂ©ment d’aller auprĂšs des joueurs pour leur expliquer surtout maintenant que ce mĂ©tier est devenu officiellement professionnel. Il faut pouvoir expliquer aux joueurs cette transformation dans le championnat est passĂ©e de loisir au mĂ©tier. L’UFC doit pouvoir s’adresser aussi aux dirigeants des clubs et aux parents des joueurs. J’espĂšre que l’on saura accueillir l’UFC et qu’elle sera Ă  la hauteur dans ses explications, dans son approche.

Les Lions Indomptables vont croiser le Cap-Vert lors du dernier tour Ă©liminatoire de la CAN 2013, est-ce un cadeau pour le Cameroun d’aller en Afrique du Sud ?
Il y a plusieurs annĂ©es en arriĂšre, on aurait pu dire que le Cameroun a hĂ©ritĂ© d’un cadeau, mais seulement vous ĂȘtes un peu mĂ©chant avec notre pays. Je crois qu’il y a d’autres pays qui sont moins bien tombĂ©s que le Cameroun, c’est vrai que le tirage au sort Ă  moins gĂątĂ©. Ceci dit, le Cameroun aurait intĂ©rĂȘt Ă  ĂȘtre sĂ©rieux face au Cap-Vert. Et puis aussi, il faut savoir toujours mettre les objectifs Ă  la bonne hauteur. Si battre le Cap-Vert est une fin en soi, alors Ă©videment c’est trĂšs bien, on peut jubiler ; dĂ©jĂ  on a vu les gens avoir des attitudes jubilatoires aprĂšs une victoire face Ă  la GuinĂ©e-Bissau. On peut prĂ©voir avec certitude que notre avenir n’est pas trĂšs enchantĂ©.

Sans Samuel Eto’o dans cette Ă©quipe, pensez-vous qu’elle se porte mieux dĂ©sormais ?
On ne peut pas dire cela. Eto’o nÂ’Ă©tait que suspendu et la suspension arrive Ă  sa fin. Je pense qu’il faut arrĂȘter d’opposer les gens les uns envers les autres. Il faut arrĂȘter de comparaitre les situations qui ne sont pas comparables. Le Cameroun Ă  l’obligation de former une Ă©quipe compĂ©titive, de former une Ă©quipe qui puisse porter haut les couleurs du pays. Maintenant qui fait partir de lÂ’Ă©quipe n’est pas la chose la plus importante, la plus importante c’est de mettre dans cette sĂ©lection les meilleurs joueurs camerounais.

Entretien réalisé par Alliance Zamo
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