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Jonathan Matijas : « Les joueurs camerounais ont le niveau international pour pouvoir rivaliser avec les autres grandes équipes nationales du monde »





Jonathan est un joueur professionnel de football, GARDIEN de BUT. Né à Nice le 6 Janvier 1990, ce jeune français qui a une souche algérienne dans les gènes est actuellement expatrié en Asie où, il évolue en thai league (première division thaïlandaise de football) pour Songkhla United. Âgé seulement de 23 ans Jonathan a déjà évolué dans trois différents pays, France, Thaïlande, Roumanie. Il revient dans cet entretien sur son rêve brisé de jouer un jour en Algérie, et son parcours exceptionnel dans les Balkans qui l’aura conduit à prendre ses marques aujourd’hui en Thaïlande. D’où de loin, il apprécie sous divers prismes le football africain et celui des Camerounais en particulier…

Avant de quitter la France, on vous retrouve à Bastia, pourquoi le choix des Balkans?

Après Bastia j'ai joué un an à Amiens en national, mais le poignet cassé deux semaines avant la fin de saison je ne suis pas reconduit. J'ai toujours été très curieux de mes origines et proche de mes grands-parents donc quand l’opportunité m'a été donnée de partir m'entraîner avec l'entraîneur des gardiens du Dynamo Zagreb, tout juste remis de ma blessure plusieurs mois après le début de championnat français et sans club, j'ai saisi l'occasion et je suis resté plusieurs mois. Ce qui m'a value de découvrir déjà une autre culture du gardien et donc de faire évoluer mon style!

Parlez-nous de cette expérience à Zagreb…

Je me sentais très bien et très vite me suis fait à ces nouvelles techniques spécifiques au gardien des Balkans… Tout nous réussit quand on se sent bien! Alors après quelque temps, le coach des gardiens, à l'époque Skuric, qui soit dit en passant est une légende du football croate, a proposé à Vahid Halolhodzic, entraîneur principal du moment, de me mettre officiellement à l'essai avec l'équipe du Dynamo. Mais le monsieur n'avait pas l'intention de prendre un français pour occuper le poste de gardien de but! Il lui répondit qu'il n'importait pas que je puisse concurrencer Ivan Kelava, qui évolue aujourd'hui en équipe nationale croate car le pays comptait grand nombre de jeunes croates en devenir.


Jonathan Matijas en action

Plutôt déçu ou s'était le déclic de votre carrière pro?

Déçu que la chance ne me soit pas donnée et pourtant appuyé par plusieurs coaches [comme Marko Mlinaric] des jeunes m'ayant suivi en spécifique, je décide de m'orienter ailleurs... En l'occurrence encore plus à l'est : l'Asie. Et c'est exactement dans cet ordre là, déception et déclic! Je n’étais plus le même homme, j'avais voyagé, je n'étais plus le même gardien, j'avais pris de l'assurance...

J'ai tout de suite été incroyablement surpris par l'accueil des supporters! J'ai été invité par le FC Phuket pour 3jours d'essai et j'ai tiré de toutes mes expériences passées le meilleur pour donner de très bonnes séances d'entraînements et par la même occasion charmer les supporters qui avant même ma signature m'appuyaient déjà !

Cela vous a t-il suffi?

Me suffire? Je crois que rien ne saurait jamais me suffire, je suis toujours à la recherche de bons défis, j'ai besoin de me dépasser, besoin d'avancer!

Et maintenant vers quelle direction comptez-vous avancer?


Jonathan et ses fans

La saison se termine dans deux semaines, je ne compte pas renouveler à Songkhla UNITED donc je suis ouvert à toutes propositions sérieuses. Je suis un enfant du monde, toujours jeune, et prêt pour des défis même s'ils me mènent vers une direction géographique totalement différente que celle que j'ai connue depuis trois ans, à savoir Thaïlande et Roumanie. Si une destination me plait, que la proposition est sérieuse, que l'objectif du club est en accord avec mon ambition personnelle alors je signerai… Pour le moment j'en suis toujours dans la phase des pourparlers.

Quel championnat vous tente le plus?

Le championnat croate fait vibrer mon cœur! Mais je connais les problèmes de gestion qui y existent donc ça reste un choix d'avenir plus lointain, pourquoi pas peut-être y finir ma carrière. Étant d'origine algérienne également, j'aurai aimé avoir la possibilité d'y évolué mais dans les pays du Maghreb les gardiens étrangers et donc français ne peuvent pas signer. J'imagine qu'ils protègent les gardiens locaux pour valoriser les équipes nationales. Donc, en étant plus évasif, l'Amérique du sud me plairait (pour avoir comme informateur un ami joueur argentin avec qui j'ai évolué en Roumanie), l'Europe (Suisse, Belgique. Pays avoisinants la France), Asie en continuant dans cette zone où j'ai la chance d'avoir plus de notoriété que dans mon pays d'origine la France où je ne désire pour le moment pas repartir. Je suis encore trop jeune pour être considéré comme je l'entends être.

Parlant de vos origines, n'êtes vous pas prisonnier de votre nationalité française qui à la fin est plus un obstacle, qu'un adjuvant à votre carrière de footballeur ?

Des choses auraient pu être envisageables si avant mes 18 ans j'avais eu l'idée qui m'est venue qu'une année trop tard, de faire la demande de double nationalité. En effet si elle est faite avant la majorité, elle est attribué automatiquement, sinon quoi il faut passer par l'administration et ça prend beaucoup de temps et ça nécessite pas mal d'investissement. Donc aujourd'hui mes origines ne sont pas reconnues officiellement sur mes papiers ce qui m'empêche par exemple d'évoluer au Maghreb ou lorsque j'étais au Dynamo m’a empêché d'être considéré comme le croate que je suis fier d'être…


Matijas pense à l\'Afrique

On sent que vous avez un lien fort avec la Croatie. Qu'en est-il de l'Afrique?

Je suis très famille et donc très attaché à mes origines. J'ai grandit au près de mes origines croates car mon grand père algérien vivait sur Marseille et moi Nice, ne l'ayant rencontré que tardivement lorsque je devenais assez mature pour prendre des responsabilités, j'apprends avec du retard à aimer l’Algérie comme j'apprends à connaître mon grand père que j'aime déjà !

Et l’Afrique du football…

L'Afrique est un continent à qui le football doit énormément! Je connais les grands noms du football africain comme Ali Bernabia dont j’ai tout jeune admiré le talent de meneur d'hommes, je crois qu'à mon âge j'étais surpris par le charisme plus qu'autre chose! Georges Weah bien sur ou encore Okocha avec ses dribbles hors du commun! Chaque partie du monde à son histoire dans le football et incontestablement l'Afrique a commencé la sienne il y a longtemps mais est loin d'avoir finit de l'écrire… Comme le prouve la montée en puissance de certains pays lors des dernières coupes du monde (je me souviens des performances du gardien de but algérien en 2010) ou le niveau des CAN (que l Algérie n'a jamais remporté si je ne me trompe pas!)

En dehors du Maghreb et ses restrictions sur les gardiens, d'autres championnats en devenir sur le continent africain...Afrique du Sud, Cameroun ou Gabon ne vous tentent pas? Partant du principe qu'ils sont en cours de professionnalisation.

J'ai un ami français qui évolue au Gabon, il semble que ce championnat se développe énormément, et accueille de plus en plus d'étrangers. Ensuite j'ai d'autres amis d'origine variées, africaine, française et même roumaine qui m'ont dit de par leur propre expérience énormément de bien du championnat d'Afrique du Sud, j'ai même engagé le contact avec des mangers sur place tant ça semble intéressant… Pour être honnête je n'en sais pas énormément sur le championnat camerounais. Mais bien plus que sur tous mes amis avec qui j'ai ou évolue et qui y sont passés. Ce sont de fantastiques bosseurs. Talentueux et bonnes personnes. Je n'avais que rarement eu l'occasion de voir des joueurs en France passés la trentaine capable d'être aussi assidus dans le travail. Je les admire pour ça et apprécie d'autant plus nos relations professionnelles et amicales!

A propos quelles sont vos équipes africaines favorites pour le mondial au Brésil en 2014?

L’Algérie bien sur! Il est temps pour le pays de faire des prouesses en coupe internationale. Côte d'ivoire et Cameroun car ce sont deux pays dont j'ai bon nombre d'amis proches et qui plus est, deux sélections dont les joueurs sont d'un niveau international au point de pouvoir à mon avis aujourd'hui rivaliser avec les plus grandes équipes nationales. Et le Ghana car j'ai apprécié leurs performances lors des dernières coupes du monde.

Un dernier mot…

Merci pour cette interview et merci à ceux qui la suivront. J'espère que le monde du football me mènera vers l'Afrique un jour et je sais que ce jour là l'Afrique saura m'accueillir! À bientôt sur les terrains…

Fils Noé. K.

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