Samuel Eto’o : « Je ne suis pas seulement proche de la direction de la fécafoot »





L’ancien attaquant des Lions indomptables du Cameroun a accordé une interview à nos confrères de Radio France Internationale où il est revenu sur les sujets qui marquent l’actualité au Cameroun.

Est-ce que l’équipe nationale du Cameroun ne vit pas un passage à vite depuis sa victoire à la CAN 2017 au Gabon ?

Non, nous sommes toujours Champions d’Afrique. On n’a pas été qualifié pour la coupe du monde mais on était dans une poule extrêmement difficile. Aujourd’hui on a pris le temps pour trouver un sélectionneur qui convenait à cette équipe. Je suis très content que les dirigeants de notre pays ont porté un choix qui n’est, non seulement sportif, mais qui va beaucoup plus  loin que ça. A mon avis, l’équipe nationale du Cameroun est la meilleure équipe au monde. Et là on a porté ce choix sur Clarence Seedorf et Patrick Kluivert, je suis plus que satisfait.

Seedorf et Kluivert sont deux grandes stars du football néerlandais et mondial mais qui n’ont pas de grandes expériences comme sélectionneur. Est-ce que ce n’est pas plus un choix de prestige qu’un choix d’expérience ?

Je vais vous prendre un exemple : quand Guardiola arrive au FC Barcelone en 2009, il n’avait pas encore entrainé une équipe de première division ; Il entraine Barcelone B pendant 8 mois et il le fait très bien. Après il se retrouve entrain d’entrainer le Barça. Clarence Seedorf, très jeune, a entrainé l’une des plus belles équipe au monde : le Milan AC. Et ça ce n’est pas donné. Parlant de Patrick Kluivert, il a été dans ce staff qui a conduit la sélection néerlandaise en demi-finale de la coupe du monde 2014 au Brésil. Ce sont de grands joueurs et ceux qui veulent nous faire croire qu’ils n’ont pas une certaine expérience en tant qu’entraineur, vraiment c’est du n’importe quoi.

Ça fait plusieurs années, vous n’êtes plus en sélection nationale. Est-ce que vous serez prêt à y revenir pour la CAN 2019 ?

Non, je ne reviendrai plus, même si je suis toujours en activité pour plusieurs raisons. D’abord parce que j’estime que ce soit Aboubakar, Choupo Moting, Clinton Njié ou d’autres, nous sommes bien couverts à ce poste. Ensuite parce que je ne veux pas donner raison à ceux qui voudraient avoir d’excuses pour pouvoir créer le désordre dans cette équipe. Il faut que mes jeunes frères puissent s’amuser, prendre du plaisir, gagner à nouveau cette CAN à domicile.

Et si jamais Seedorf et Kluivert vous demandaient de revenir dans cette équipe nationale, qu’est-ce que vous leur répondrez ?

Non, non je ne reviens pas…

Ce sont des amis…

Eh oui des amis, des aînés mais je ne reviendrai pas. Je pourrai apporter mon aide autrement. Mais revenir à l’équipe nationale, il n’en est pas question.

Est-ce grâce à vous que Seedorf et Kluivert sont venus au Cameroun ?

Si je vous dis qu’on ne m’a pas posé la question, ce serait vous mentir. Je me suis dit, qu’est-ce que je pouvais conseiller à mon pays. Après les discussions que notre pays a eues à mener avec les différents entraineurs qui n’aboutissaient pas. A un moment donné, ils se sont retournés vers ces entraineurs, j’ai dit que c’est ce qui fallait à notre pays à tous les niveaux.

Donc vous êtes très proche de la direction de la  fecafoot. Vous leur donnez des conseils…

Je ne suis pas seulement proche de la direction de la fécafoot mais je suis aussi proche des dirigeants de mon pays. Vous savez la fécafoot, c’est une organisation privée mais quand on parle de l’équipe nationale du Cameroun, on parle du gouvernement camerounais qui est le garant de cette équipe nationale. Pour prendre une telle décision, il a fallu l’accord du premier camerounais (Paul Biya, ndlr). Quand on a fait appel à moi, je ne pouvais ne pas apporter ma contribution.

Le président Paul Biya vous a demandé qu’est-ce que vous en pensiez ?

Pas directement… Mais oui.

Cette CAN 2019, est-ce qu’elle aura vraiment lieu au Cameroun ?

Elle aura lieu au Cameroun. Vous avez vu ces derniers jours, le Cameroun est entrain de fournir des efforts incroyables. C’est vrai que le président de la CAF, à un moment donné, dans sa volonté à pousser le Cameroun à aller plus vite a fait une sortie médiatique, je dis merci parce que ça nous a tous réveillés. Merci à la CAF qui a bien voulu faire confiance à notre pays.

N’empêche, tout n’est pas encore prêt. Il y a des infrastructures qui manquent, notamment des stades…

Tout n’est jamais prêt. Ce n’est pas qu’au Cameroun ou en Afrique. Vous savez qu’en 2014, la Fifa se demandait si finalement la coupe du monde devait avoir lieu au Brésil puisque le Brésil n’était pas prêt. Au final, le Brésil a répondu présent. Ce sera pareil au Cameroun.

Comment se fait-il qu’à dix mois de cette CAN, on ne connait toujours pas les dates précises de cette compétition ?

Il ne me revient pas de répondre à cette question. C’est à la CAF d’y répondre puisque c’est elle qui organise cette compétition. Ella doit nous situer sur cette question.

Parmi les villes qui abriteront la CAN, il y a Limbé dans le sud-ouest du pays. Vu les violences politiques dans la région depuis plusieurs mois déjà, est-ce que ce n’est pas inquiétant ?

On n’est pas inquiet. Vous savez, il est vrai que le Cameroun en ce moment connait des tensions mais je suis convaincu qu’on trouvera un terrain d’entente parce que le Cameroun est une terre de paix. On aime vivre ensemble, je ne suis pas inquiet. Je sais que les matches se joueront à Limbé. C’est à 45 minutes de Douala où je suis installé.

Et ces tensions politiques, qu’est-ce que vous en pensez ?

Ben écoutez, je ne suis pas encore politicien mais mon souhait en tant que citoyen camerounais est que le Cameroun retrouve totalement la paix.

Vous venez de passer 3 ans dans le championnat turc. Maintenant c’est fini, où est-ce que vous allez aller ?

Je ne sais pas encore. Je suis entrain de regarder le marché. La chance que j’aie est que je peux signer n’importe quanD et où je souhaite. Je regarde les offres que j’aie et je prendrai ma décision dans les prochains jours.

Si vous venez en France, ce serait en Ligue 1…

Ah oui. Même si Lens s’est manifesté,  mon objectif premier est de jouer en première division.

A 37 ans, ce n’est pas facile de continuer au poste d’attaquant et vous y tenez et vous vous accrochez…

Je dirai que c’est plutôt difficile pour les défenseurs. Je continue à marquer des buts, c’est ce que j’ai fait toute ma vie. C’est ce que je vais continuer à faire. C’est difficile pour les défenseurs parce que même si je n’ai plus ma vitesse des 20 ans, je garde toujours une bonne vitesse et avec mon expérience, je comble toujours ça.

Qu’est-ce que vous pensez du championnat de France par rapport aux autres grands championnats que vous avez connus ?

Il devient de plus en plus important. Mais pour qu’il soit au même niveau que les autres, il faudra que l’une des équipes françaises gagne la ligue des champions.

Moi ce que je veux, c’est de continuer à jouer au football. Je vais jouer deux saisons encore et puis arrêter ma carrière et commencer une nouvelle vie.

Avec RFI

Retranscrit par LT

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