Alphonse Tchami : « J’ai été victime de chantage »





Cible des critiques depuis peu par rapport aux arrivées ou absences des joueurs dans la tanière des Lions Indomptables du Cameroun, Alphonse Tchami, le team Manager des Lions, a rompu le silence pour apporter un démenti formel sur tout ce qui se dit sur son compte. L’ancien attaquant des lions indomptables est revenu sur l’affaire Toko Ekambi sans toutefois omettre de révéler le chantage dont il est parfois victime.

Il se dit que vous êtes à l’origine des ventes des places en sélection nationale.

C’est vrai que des choses se disent depuis un certain temps sur ma personne et qui me mettent en colère. Il est inadmissible qu’on se mette sur un plateau de télévision pour dire des choses à mon endroit qui ne sont pas vraies.  Ces gens qui parlent de ventes des places ou de comptoirs doivent dire où se trouve le comptoir et ils doivent apporter des preuves de ces affirmations graves. Je tiens à rappeler que depuis que je suis dans cette équipe nationale en tant que team manager, il ne me revient pas le rôle de convoquer les joueurs. Ce rôle appartient à Monsieur Hugo Broos qui fait ses choix et qui les assume. Une fois que ces choix sont faits, le sélectionneur envoie la liste à la fédération qui établit des convocations que moi je me charge d’acheminer aux clubs et joueurs. Je me charge également de mettre à la disposition des joueurs des billets d’avion pour qu’ils viennent en sélection. Je dis donc que ce n’est pas moi qui convoque les joueurs. Je n’accepte pas ces insultes qui consistent à dire que je fais venir les joueurs en sélection contre de l’argent.

Pour le cas Toko Ekambi, on a pu voir votre message lui demandant de ne plus venir en sélection pour ce match face à l’Algérie. Qu’est ce qui s’est réellement passé ?

Il y’a un processus à suivre pour la convocation d’un joueur en équipe nationale. Toko Ekambi était pré convoqué dans la première liste  des présélectionnés de 28 joueurs. Et cette présélection existe puisque la FIFA exige de la faire deux semaines avant.  Je me suis chargé d’informer tous les 28 joueurs présélectionnés. Au moment où l’entraineur fait sa liste des 23 joueurs, il n’était pas retenu. Il me revient donc d’informer les 23 joueurs retenus et les 5 non-retenus. C’est ça aussi mon travail. Cet échange qui se retrouve sur les réseaux sociaux m’étonne. Comment une conversation privée se retrouve sur la place publique ? Il y a quelqu’un qui a trompé le joueur en lui demandant de balancer la conversation, soit disant que l’entraineur a dit qu’il ne venait plus en équipe nationale. Oui, il l’a dit qu’il ne souhaitait plus revenir jouer en répondant à mon message. Justement j’ai échangé via Wahtsapp parce que j’utilise ce moyen pour travailler avec les joueurs. Je les appelle par ce canal pour les informer de l’envoi des convocations. Ce joueur a changé de numéro de téléphone et j’ai essayé pendant deux jours de l’avoir sans succès. Je suis donc passé par Adolphe Teikeu pour le contacter afin de lui signifier qu’il n’était pas retenu dans les 23. Ce qui m’étonne encore est que le message qui circule sur les réseaux sociaux, ne soit que le mien.

Il se dit que dans l’optique de rétablir la vérité, vous envisagerez saisir le conseil national de la communication et même les tribunaux compétents. Vous le confirmez ?

Je vous le confirme. C’est sûr. Je vais saisir le CNC et même la justice parce qu’il est inadmissible que j’accepte ces injures. Il faut qu’il y ait la vérité et je dis aux joueurs s’il y a quelqu’un qui les a appelés pour prendre de l’argent dans le but d’intégrer l’équipe nationale qu’ils dénoncent. Les joueurs sont camerounais et ils n’ont rien à craindre.

Comment comprendre cet acharnement sur votre personne ?

Cet acharnement a commencé depuis un certain temps. J’ai vu venir cette histoire parce que je suis fatigué du harcèlement. Je ne veux pas prononcer les noms mais il faut que ça s’arrête. J’ai été joueur dans cette équipe. Je connais ces pratiques. Vous êtes journalistes et vous pouvez confirmer que cette équipe nationale n’est plus facilement accessible comme dans le passé. Les joueurs ont été sensibilisés. J’ai bloqué, j’ai verrouillé les accès et ça dérange certains qui disent qu’ils n’arrivent plus à manger. Chaque fois on me rappelle qu’on a gagné la CAN, on était à la coupe des confédérations et que je mange seul. Mais il faut qu’on arrête. Qu’est-ce que je mange seul ? Je travaille pour les gens ? Et puis il y a une émission qui passe sur une chaine de télévision que je me disais que c’était une chaine sérieuse (Au cœur du sport Canal 2, ndlr). Je m’étonne que cette chaine puisse engager des gens pareils.

Il se dit qu’avant la production de cette émission de télévision, vous avez été victime d’un chantage…

Je confirme ! J’ai été victime du chantage. Il y’a un émissaire qui m’a été envoyé à l’hôtel depuis plusieurs jours. Je suis au courant de l’existence de cette émission depuis mardi soir dernier. Cet émissaire qui a été envoyé par celui-là qui se dit, je ne sais pas quoi est venu me prévenir. Jusqu’à jeudi matin, jour de l’émission, son émissaire était à notre hôtel. Ça je le dis avec les preuves.

Y ‘a-t-il un problème de mal être dans la tanière avec des joueurs qui refusent de venir en sélection ?

Je suis à l’intérieur de cette équipe et je peux vous rassurer qu’il n’y a pas un problème de mal être dans la tanière. Vous pouvez regarder le comportement de ces garçons. Vous avez vu lors de la CAN, une équipe qui n’était pas solide, solidaire et qui ne regardait pas dans la même direction ne pouvait pas remporter cette CAN. Les gens veulent déstabiliser l’équipe en créant des histoires. Vous avez vu hier face à l’Algérie comment tout le banc de touche s’est levé comme un seul homme pour célébrer le but de Frantz Pangop qui est d’ailleurs allé embrasser l’entraineur. Les joueurs vivent bien ensemble. C’est le bon esprit qui règne dans l’équipe.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de faciliter l’arrivée des joueurs originaires de votre région dans cette équipe nationale ?

Je suis tout de même étonné. J’ai suivi ici à Yaoundé quelqu’un le dire sur un plateau que l’équipe nationale du Cameroun c’est Leuko, Ngandjui, Siani, Teikeu, Ngamaleu. On va où ? Est-ce que ce ne sont pas les camerounais ? Ils défendent les couleurs du Cameroun. Ce sont pratiquement ces mêmes joueurs que vous avez applaudi à la CAN. Il n’y avait pas ce problème-là. Dans le football, il n’y a pas de place pour le tribalisme. J’ai joué dans cette équipe nationale où une fois j’étais le seul bamiléké. Ça n’avait pas créé un problème. Je dis et redis que ce n’est pas moi qui convoque les joueurs. Je suis ferme là-dessus.  Je ne participe pas à l’aspect technique. Ce n’est pas mon domaine. Celui qui convoque les joueurs, c’est Monsieur Hugo Broos. Je ne m’occupe que de l’aspect administratif.

Est-ce que vous êtes un team manager serein qui va continuer son travail ?

Je n’ai pas de problème avec mon travail. Mon engagement avec la Fecafoot n’est pas d’ordre technique. Je suis dans l’aspect administratif. Si les joueurs n’ont pas bien voyagé, s’ils ont dormi dans un hôtel peu commode, si leur convocation n’est pas arrivée. Là je serai présent pour vous répondre puisque c’est où j’interviens. Ne me posez plus jamais la question sur le pourquoi ou le comment de l’arrivée ou l’absence d’un joueur dans la tanière. Ce n’est pas de mon ressort. Si vous avez des problèmes de personne ou si vous voulez être team manager, ça vous regarde. On ne m’a pas ramassé dans la rue pour me confier ce poste. Après cette fonction, je ne retournerai pas dans la rue contrairement à ce que j’ai entendu dire. Je suis un homme bien équilibré. J’aime le football et je fais mon travail avec tout le professionnalisme qui va avec et je le fais avec honnêteté.

Interview réalisée par Léger Tientcheu à Yaoundé

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