Christian Mbongo (intermédiaire de joueurs) : « Nous apportons l’assistance juridique aux joueurs »





Opérant dans le management des joueurs depuis 18 ans, Christian Mbongo, intermédiaire de joueurs, est le patron de l’agence sportive CHRIM Management qui veut aller au-delà des placements des joueurs pour leur apporter une assistance juridique quand ces derniers sont en difficulté. En sa qualité de secrétaire général de l’association camerounaise des agents de joueurs (ACAJ), il a bien voulu nous édifier sur ce secteur d’activité parfois méconnu du grand public. Il est également revenu sur les faits d’armes de la structure qu’il dirige.

 

Nous sommes en période de mercato. Où en êtes-vous et votre structure sur le marché des transferts ?

Merci de l’opportunité que vous me donnez de parler des activités de notre agence, spécialement de notre expertise dans le management des transfert des joueurs ainsi que dans le domaine de la défense des droits des joueurs qui en ont ou qui en auront besoin. Aujourd’hui nous sommes dans la période du mercato qui va, pour la plupart, jusqu’au 30 août pour certains ou jusqu’au 30 septembre pour d’autres pays. Nous sommes en contacts très avancés avec les clubs du Maghreb, de l’Europe de l’Est et du golf pour des joueurs dont nous avons la charge de manager. Pour l’instant, nous ne pouvons pas vous en dire plus. Quand ce sera bouclé, vous saurez la destination des joueurs que nous avons placés.

Quelle est la relation que votre structure CHRIM  MANAGEMENT entretient avec le monde du football camerounais ?

Notre structure est reconnue et enregistrée à la Fecafoot et à la Fifa. Compte tenu de l’instabilité qui prévalait à la fédération depuis 2013, nous n’avons pas pu nous déployer comme nous l’aurons souhaité. Nous avons un vaste projet que nous allons déployer avec la fédération quand elle sera stable. Il s’agira d’aller sur le terrain et expliquer aux acteurs et personnes qui interviennent dans le football l’essentiel de nos activités, l’essentiel de ce qu’on peut faire pour les joueurs pour les aider à être rétabli dans leurs droits lorsqu’ils subissent des licenciements unilatéraux. Bref les sensibiliser sur les avantages qu’il y a à se faire encadrer par des agences liées au management sportif.

Etant donné que vous opérez dans le championnat camerounais, Comment jugez-vous le niveau de ce championnat ?

Le niveau du championnat camerounais est extrêmement bas. Mais faut pas confondre niveau de joueur et qualité de joueur. Nous avons de très bons joueurs dans notre championnat, cependant le fait qu’ils soient mal encadrés pas bien traités, ça déteint sur leurs performances, même si ça n’enlève en rien leurs différents talents et valeurs intrinsèques.  Nous sommes à trois journées de la fin de notre championnat, beaucoup de joueurs n’ont pas encore reçu de primes de signature, d’autres n’ont même pas eu l’essentiel de leur salaire. C’est très difficile dans ces conditions qu’ils donnent un rendement meilleur. Malgré ces états de choses on réussit  à trouver des opportunités aux plus performants et quand ces joueurs sont mis dans de bonnes conditions, ils réussissent bien.

Est-ce que cette gestion amateur des footballeurs locaux dont vous décriez déteint sur leur valeur marchande au moment de leurs différents transferts ?

Oui, bien entendu. On est souvent obligé de brader le footballeur camerounais qui sort de notre championnat. Et vous savez aussi que pour placer un joueur, il faut des vidéos dudit joueur. Vous convenez avec moi qu’avoir une vidéo d’un joueur dans notre championnat relève d’une véritable gageure. La valeur d’un joueur dépend de la façon dont vous le présenter et aussi de ses performances en championnat. Nous sommes souvent obligés d’accepter qu’ils prennent des salaires pas faramineux mais au moins qu’ils aient l’occasion d’évoluer dans un championnat professionnel et de là on pourra davantage trouver d’autres clubs avec de meilleures offres en fonction des performances.

Que pensez-vous de la prolifération des personnes qui se disent agents de joueur ?

C’était ça le rôle de l’Association camerounaise des Agents de joueur (ACAJ)  qui a été créée en 2013 dont la principale activité était d’apporter un éclairci sur les activités des agents de joueur et ceux qui peuvent se présenter comme tels. Il y a certaines conditions qu’il faut remplir au niveau de la fédération pour être agent de joueur. Aujourd’hui au Cameroun, ce qu’on constate est que 90% de personnes qui se disent agents de joueur ne le sont pas parce qu’ils n’ont pas rempli ces conditions à la fecafoot. Je pense que la fédération n’a pas encore les moyens de réprimer ces personnes qui opèrent dans l’illégalité.  Dans le programme de nos activités que nous allons bientôt déployer comme je vous le disais, on invitera les gens à comprendre que les agents de joueur sont ceux-là qui sont répertoriés à la fédération et ce n’est qu’avec eux que les joueurs et les clubs doivent travailler. On appelle les footballeurs à être vigilants pour ne pas se faire escroquer. Bientôt vous saurez avec qui travailler, à la faveur de la stabilité de l’instance fédérale dont nous appelons de tous nos vœux.

Pour lever l’équivoque, c’est quoi un agent de joueur et comment fait-on pour le devenir ?

Avant 2001, pour être agent de joueur, il fallait aller à la Fifa faire un concours et déposer une caution de 100.000 frs suisse pour garantir de la crédibilité de ton activité. Etant donné que tout le monde ne pouvait pas aller en Suisse, la Fifa a décentralisé cette activité de concours au niveau de ses fédérations membres. C’est pourquoi depuis 2001, les agents de joueur sont ceux de la fédération et reconnus par la Fifa. En réalité, la Fifa voulait que ceux qui veulent devenir agent de joueur aient une tête pleine et une responsabilité civile certaine. A côté de cela vous signez un code de déontologie, tout ça faisait que c’était contraignant et surtout que pour passer le concours à la fecafoot où je suis passé, il fallait déposer une caution de 500.000 frs cfa non remboursable. Ce qui était déjà un tamis.

Au concours, 15 questions venaient de la Fifa et 5 des fédérations nationales et il fallait avoir une moyenne de 14/20. Voilà pourquoi il était difficile d’avoir une licence d’agent de joueur. Le taux de réussite au Cameroun était de 2% et en France ça oscillait entre 5 et 7%. Grâce aux  pressions de certaines organisations spécialisées qui réussissaient à faire des transferts objectifs, la Fifa a assouplit ses conditions en annulant les examens. Ils ont renommé notre activité qui est appelé aujourd’hui intermédiaire de joueur. Ils ont laissé le soin à chaque fédération de valider leurs intermédiaires de joueur. La fecafoot a donc annulé le concours et mis la caution à 10.000 000 frs cfa. En France, le concours est toujours d’actualité, mais plus de question venant de la Fifa. Ce d’autant plus que la Fifa a annulé ses questionnaires. Si une personne n’est pas passée par la fédération et n’a pas rempli les conditions, elle ne peut pas être considérée comme intermédiaire de joueur.

Votre structure brille par des succès au niveau de la défense de ses joueurs. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?

Notre rôle est d’aider le joueur à signer des contrats dans des clubs mais aussi de veiller sur lui afin qu’il soit respecté dans le club qu’il vient de rejoindre. L’autre pan de nos activités est de soutenir un joueur qui a été abusivement licencié ou qui a subi une rupture de contrat sans juste cause.  CHRIM MANAGEMENT est juste à l’image des autres cabinets qu’on retrouve en Allemagne, en France en Espagne. Nous apportons l’assistance juridique à nos joueurs qui sont en difficultés dans leur club. Etant déjà agence de joueur, nous avons la chance d’avoir l’expertise juridique pour savoir défendre nos joueurs qui ont été floués par leur club. Sachez que nous ne nous occupons pas seulement des joueurs que nous avons sous contrat mais de tous les footballeurs qui font appel à nous. On a beaucoup de cas de succès sur des litiges où nous étions engagés : Patrick Ngoula et Ernest Nsombo en Algérie, SAID ARAFAT en Thaïlande, Edoa Nga en Arabie saoudite, pour ne citer que ceux-ci. Tous ces joueurs ont été indemnisés. Nous n’abandonnons pas les joueurs, nous nous battons qu’ils puissent rentrer dans leur droit lorsqu’ils sont abusivement licenciés.

Vous êtes le secrétaire général de l’association camerounaise des agents de joueur (ACAJ). Très peu connu, est-ce qu’on peut en savoir plus sur cette association ?

Il faut dire que cette association a été créée en 2013 pour informer le public de nos activités et aussi pour attirer l’attention des gens sur le phénomène des faux agents de joueur. Nous avons un programme d’action assez large qui couvrira les dix régions du pays. Lors de la conférence des 10 gouverneurs à Yaoundé, nous étions là et nous avons parlé de nos activités. Nous leur avons promis de passer dans leurs unités de commandement dans les prochains mois pour parler du rôle des agents de joueur. Notre activité est, un tout petit peu, plombée par l’instabilité au niveau de la fédération. Puisque nous sommes liés à elle. Nous avons choisi de mettre nos activités en hibernation en attendant le nouvel exécutif élu de la fecafoot. Les gens auraient pu savoir qui nous sommes et ce que nous faisons depuis 2013 mais la situation de la fédération ne permettait pas qu’on se déploie. Nous avons eu des séances de travail à Paris avec le président national de l’association Monsieur Maxime Nana. Nous avons beaucoup de projet que nous communiquerons le moment venu.

Interview réalisée par Léger Tientcheu

 

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